Emmaüs-Nicopolis

Période byzantine (324-637 ap. J.- C.)

Pendant la période byzantine, un grand complexe ecclésiastique fut progressivement édifié sur l’emplacement de la maison de Cléophas, vénérée par les Chrétiens comme le lieu où le Christ ressuscité avait rompu le pain. Ce complexe ecclésiastique se composait de deux basiliques et d’un baptistère (l’ensemble a été mis au jour au cours des fouilles archéologiques à la fin du XIXe - début du XXe siècle, voir: Redécouverte d'Emmaüs). Emmaüs-Nicopolis fut une ville importante, un centre régional, et un évêché. Le nom de l'évêque de Nicopolis, Pierre, est mentionné dans la liste des Pères du Concile de Nicée de 325 après J.-C.. Le deuxième évêque de la ville que nous connaissons, Ruphus, était présent au Concile de Constantinople en 381. Un troisième, Zénobe, signa un décret du Synode de Jérusalem en 536 (voir: H. Gelzer, ed., Patrum Nicaenorum nomina, Leipzig, 1898, p. 123 (voir ici); M. Le Quien, Oriens Christianus, Paris, 1740, t. III, 594, voir ici).


Basilique byzantine d'Emmaüs-Nicopolis (V-VIIe s.) reconstruite par des Croisés au XIIe s.

Une carte en mosaïque de la Terre sainte, datant du VIe siècle de notre ère et découverte dans la ville de Madaba, en Jordanie, représente Nicopolis comme une grande ville, comparable en taille avec Lod (Diospolis) et Yavné (Jabnêl ou Jamnia). voir: N. Duval, Essai sur la signification des vignettes topographiques, dans: The Madaba Map Centenary, M. Picirillo, E. Alliata, ed., Jerusalem, 1999, pp. 139-140, voir ici.

Une image stylisée de la Basilique de Nicopolis apparaît également sur un sol en mosaïque datant du VIIIe siècle, découvert à Maïn, près de Madaba. (De Vaux, Une mosaïque byzantine à Ma’in, Revue Biblique, 1938, pp. 244-245, voir ici).

De nombreux pèlerins visitaient Emmaüs tandis qu’ils voyageaient vers Jérusalem depuis le port de Jaffa (Joppé). A cette époque, Nicopolis était le seul endroit en Terre sainte vénéré comme l’Emmaüs de l’Évangile, en continuité avec la tradition chrétienne qui existait déjà à l'époque romaine. Nicopolis était considérée à la fois comme l’Emmaüs mentionné dans le Ier Livre des Maccabées, ch. 3-4 (lieu de la bataille entre les Juifs et l'armée syrienne) et comme l’Emmaüs de l'Évangile de Luc. Nous en avons une illustration dans ces textes, par exemple :

Question : Comment Jean peut-il dire que le Christ s'est manifesté à tous ses disciples, à l'exception de Thomas, le dimanche soir (Jean, 20, 19-24), tandis que Luc dit uniquement qu'il est apparu à Pierre, quand Cléophas et son compagnon reviennent le soir de ce même jour à Jérusalem, après avoir vu le Seigneur à Emmaüs (Luc 24, 33-34)?

Solution : Après les saintes femmes, c'est à Pierre que le Christ est apparu, puis aux Apôtres, selon ce que Paul dit : « Il est apparu à Céphas, puis aux Douze» (Ière Lettre aux Corinthiens, 15, 5), sans compter Thomas, qui était absent, mais Matthias et Justus (Actes des Apôtres 1, 22 - 23). Par ailleurs, c’est pendant que Cléophas et son compagnon étaient sur le chemin du retour d'Emmaüs que le Christ est apparu à Pierre. Quand ils sont revenus d’Emmaüs et ont raconté aux Apôtres comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain, c’est alors que le Christ s'est montré à tous à Sion, comme Luc l’affirme (Luc 24, 35 - 36). Il ne faut pas être surpris que dans la même journée, ils soient allés de Jérusalem à Emmaüs et d'Emmaüs à Jérusalem. Il n'est pas écrit que c'était le soir lorsqu'ils se sont approchés d'Emmaüs, mais que c'était vers le soir (Luc 24, 29), et que le jour déclinait, comme si c’était par exemple la huitième ou neuvième heure (14 ou 15 h). Dès la septième heure (13 h), le soleil semble s'incliner vers l'ouest. Sans compter le fait que la joie d'annoncer le miracle leur avait fait hâter le voyage et qu'ils sont arrivés sans doute très tard. Nous avons, en effet, l'habitude d’appeler «le soir» (opsias, voir Jean 20, 19) le temps qui s'étend jusqu'à tard dans la nuit. Ici encore, le Christ leur apparut ainsi qu’aux autres.

Hésychius de Jérusalem, Quaestiones, difficultas 57, PG XCIII, 1444, début du Ve s., traduction: Vincent, Abel, Emmaüs, Paris, 1932, p. 410, voir le texte original ici.


Le texte de Hésychius suppose une distance importante entre Jérusalem et Emmaüs, qu’il n'est pas facile de parcourir deux fois en même jour. Les disciples quittèrent peut-être Emmaüs vers 3 h de l’après-midi et arrivèrent à Jérusalem très tard (22 ou 23 h ?). Leur voyage vers Jérusalem a donc duré de six à huit heures, ce qui correspond à une distance d'environ trente kilomètres.

«S’étant levés à l’instant, ils retournèrent à Jérusalem» [...] : c'est-à-dire qu'à l'instant même où leur maître, le Christ, s'est fait invisible à leurs yeux, ils sont repartis, ne le voyant plus. Ce ne fut pas à cette heure-là qu'ils trouvèrent les Onze, et qu'ils leur donnèrent des nouvelles du Seigneur Jésus, mais ce fut après quelques heures, après les heures nécessaires à un marcheur pour couvrir la distance de cent soixante stades, au cours desquelles le Maître est également apparu à Simon, «et ils racontèrent ce qui s'était passé sur la route» ...

Saint Cyrille d'Alexandrie, Commentaire sur l'Évangile de Luc, ch. 24, texte du début du Ve siècle, cité dans: J. A. Cramer, Catenae Graecorum Patrum, Oxford, 1844, t. 2, p.172, voir l'original ici; traduction: Vincent, Abel, Emmaüs, Paris, 1932, p. 411.

«Et il lui répondit : "Jusqu'au soir et au matin, jusqu'à deux mille trois cent jours, et puis le sanctuaire sera purifié." » Si nous lisons les livres des Maccabées et l'Histoire de (Flavius) Josèphe, nous allons trouver là que dans l'an cent quarante-trois après Séleucos qui régna en premier en Syrie après le décès d'Alexandre, Antiochus entra dans Jérusalem, et après avoir causé une dévastation générale, il revint dans la troisième année et installa la statue de Jupiter dans le Temple. Jusqu'à l'époque de Judas Maccabée, c’est-à-dire, jusqu'en l'an cent huit, Jérusalem fut dans un état de dévastation pendant une période de six ans, et pendant trois [de ces] années, le Temple resta souillé, soit un total de deux mille trois cents jours plus trois mois. A la fin de cette période le Temple fut purifié. [...] La plupart des commentateurs rapportent ce passage à l'Antéchrist, et considèrent que ce qui s'est produit sous Antiochus ne fut qu'une prévision de ce qui se réalisera sous l'Antéchrist. Quant à la phrase, « Le sanctuaire sera purifié», cela fait référence à l'époque de Judas Maccabée, qui était du village de Modiin, et qui, à l’aide de ses frères et parents, et de nombreux Juifs [vainquit ?] les généraux d'Antiochus, pas loin d’Emmaüs, qui maintenant s’appelle Nicopolis.

Saint Jérôme, Commentaire sur le livre de Daniel, ch. 8, verset 14 (texte de l’environ de l’an 407 après J. - C.), PL XXV, 537, voir le texte original ici, la traduction est de nous.

«Et des nouvelles de l'Orient et du Septentrion viendront l'effrayer. Et il partira avec une grande fureur pour détruire et tuer une multitude. Il dressera la tente à Apedno entre les mers, vers la glorieuse et sainte montagne. Puis il arrivera à la fin, sans que personne lui soit en aide».

Ceux de notre parti [ ...] expliquent le chapitre final de cette vision comme se rapportant à l'Antéchrist, et affirment que lors de sa guerre contre les Égyptiens, les Libyens et les Ethiopiens, pendant laquelle il doit casser trois des dix cornes, il va apprendre que la guerre a été commencée contre lui dans les régions du Nord et l'Est. Puis il viendra avec une grande armée pour écraser et tuer beaucoup de gens, et planter sa tente à Apedno près de Nicopolis, qui était autrefois appelée Emmaüs, au commencement de la région montagneuse de la province de Judée. Enfin il quittera cet endroit pour aller au mont des Oliviers et monter dans la région de Jérusalem, et c'est ce que l'Écriture veut dire ici: « Et il aura planté sa tente [...] dans les commencements de la région montagneuse entre les deux mers. » Ces mers sont, bien sûr, celle qui est maintenant appelée la Mer Morte à l'Est, et la Grande Mer, sur la rive de laquelle se trouvent Césarée, Joppé, Ascalon et Gaza. Puis il doit monter au sommet de la région montagneuse, c’est-à-dire au sommet du mont des Oliviers, qui est appelé célèbre évidemment parce que notre Seigneur et Sauveur est monté à partir de lui vers le Père. Et nul ne pourra aider l'Antéchrist quand le Seigneur déversera sa fureur sur lui.

Saint Jérôme, Commentaire sur le livre de Daniel, ch. 11, versets 44-45, PL XXV, 574, voir le texte original ici, la traduction est de nous.

Le premier pèlerin chrétien qui mentionna sa visite de Nicopolis dans un écrit fut le pèlerin anonyme de Bordeaux, qui voyagea en l’an 333:

De Jérusalem comme suit : Ville de Nicopolis - milles XXII.

Ville de Lydda - milles X.

Changement à Antipatris - milles X.

Changement à Betthar - milles X.

Ville de Césarée - milles XVI.

Jusqu’à Césarée par Nicopolis - LXXIII miles

Itinerarium a Burdigala Hierusalem, écrit au IVe s.; la traduction est de nous, voir le texte original ici: Vetera romanorum itineraria cum Itinerarium Hierosolymitanum, Petrus Wesselingius, éd., Amsterdami, 1735, p. 600.

Les distances indiquées par le pèlerin de Bordeaux doivent être corrigées : la distance totale de Jérusalem à Césarée – soixante treize milles - ne correspond pas à la somme des distances interurbaines spécifiée : soixante huit milles. F.-M. Abel (Vincent et Abel, Emmaüs, Paris, 1932, p. 300-301, voir ici) propose les corrections suivantes: de Jérusalem à Nicopolis - XX milles, de Nicopolis à Lydda - XII milles, à partir de Betthar jusqu’à Césarée – XXI milles, ce qui donne le total de soixante treize milles. La distance de vingt miles entre Jérusalem et Nicopolis correspond à cent soixante stades (environ trente km).

Souvenir rapporté d'Emmaüs par un pèlerin de l'époque byzantine:

un médaillon fait à partir de la terre prise sur le lieu saint,

portant l'image de l'apparition de Jésus aux deux disciples

(retrouvé en Samarie, collection du musée d'Israël, Jérusalem).

Pendant l’époque byzantine, on vénérait à Emmaüs une source d’eau miraculeuse dans laquelle, selon une tradition, Jésus s’était lavé les pieds pendant sa vie terrestre. Or, autour de 362 après J.-C., cette source fut bouchée sur l’ordre de l'empereur Julien l'Apostat:

A Nicopolis, en Palestine, appelée auparavant Emmaüs, il y a une source qui guérit toutes sortes de maladies à la fois des hommes et des bêtes. Car on dit que notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ s’y lava les pieds après un voyage. Cet homme (l'empereur Julien) ordonna qu'elle soit comblée.

S. Théophane le Confesseur, Chronique, 361 -362 après J.-C., texte écrit au IXe siècle, PG CVIII, 160, voir le texte original ici, la traduction est de nous.

Julien l'Apostat

Par la suite la source fut redécouverte, et nous la trouvons mentionnée dans les récits des pèlerins au cours des siècles:

Il y a une ville en Palestine qui est maintenant appelée Nicopolis. N'étant encore qu'un village, elle fut connue du livre des Évangiles qui l'appelle Emmaüs. Les Romains, en effet, après la prise de Jérusalem et leur victoire sur les Juifs l'avaient appelée Nicopolis, dénomination fondée sur cet événement. Devant cette ville près du trivium (rencontre de trois routes), là où le Christ, après sa résurrection, cheminant avec Cléophas et ses compagnons, feignit de se hâter vers un autre bourg, il y a une source salutaire dont les eaux guérissent non seulement les hommes malades qui s'y baignent, mais encore les animaux, lorsqu'ils souffrent de diverses incommodités. On raconte, en effet, qu'arrivant de quelque voyage avec ses disciples vers cette source, le Christ s'y lava les pieds et, à partir de ce moment, l'eau en contracta la vertu de garantir contre les souffrances.

Sozomène, Histoire ecclésiastique, livre 5, ch. 21, écrit en l’an 439, PG LXVII, 1280, voir le texte original ici, traduction: Vincent, Abel, Emmaüs, Paris, 1932, p. 414.

Le premier culte chrétien à Emmaüs fut célébré dans la maison de Cléophas. Nous apprenons cela de S. Jérôme lui-même, qui visita Emmaüs-Nicopolis avec sainte Paule en 386 après J.-C. en arrivant d'Europe pour aller à Jérusalem:

Après cela, (Paule) entra dans Antipatride, forteresse à demi ruinée, à laquelle Hérode avait donné le nom de son père; ensuite dans Lydda, devenue Diospolis, célèbre par la résurrection de Dorcade et la guérison d’Enée. Non loin de là, elle vit Arimathie, le petit bourg de ce Joseph qui donna la sépulture au Seigneur ; et Nobé, ville jadis sacerdotale, tombeau maintenant des prêtres massacrés ; et Joppé, le port où s’embarqua Jonas dans sa fuite. S’il m’est permis de toucher aux fables des poètes, c’est là qu’Andromède fut attachée aux rocs. Reprenant sa route, elle vint à Nicopolis, auparavant nommée Emmaüs, où le Seigneur fut reconnu dans la fraction du pain, et de la maison de Cléophas fit une église. Partant de cet endroit, elle monta à Bethoron, l’inférieure et la supérieure, villes bâties par Salomon, mais détruites plus tard par les vicissitudes des guerres. Saluant à droite Ajalon et Gabaon, où Josué fils de Navé combattant contre cinq rois, arrêta le soleil et la lune […] elle fit une courte halte à Gabaa, ville détruite de fond en comble...

S. Jérôme, Lettre 108 à Eustochium, 8, écrit en 404, PL XXII, 833, voir le texte original ici, traduction: l'abbé Bareille, Oeuvres complètes de S. Jérôme, Paris 1878, t. 2, p. 18.


Le témoignage de saint Jérôme confirme une fois de plus les informations sur l'emplacement d'Emmaüs : entre Lydda (aujourd'hui Lod) et Beth-Horon, à environ trente kilomètres de Jérusalem.

La maison de Cléophas, vénérée comme le lieu de la fraction du pain, le fut également comme lieu de son martyre:

De Jérusalem il y a neuf milles jusqu’à Shilo [Qiryat Yéarim], où était l'arche de l'Alliance du Seigneur. De Shilo jusqu’à Emmaüs, qui est maintenant appelé Nicopolis, il y a neuf milles. Dans cet Emmaüs Saint Cléophas reconnut le Seigneur à la fraction du pain, et là aussi il souffrit le martyre. D’Emmaüs jusqu’à Diospolis [Lydda] il y a douze milles ...

Théodose, De situ Terrae Sanctae, ch.139, écrit autour de l'an 539, publié dans: Theodosius, De situ Terrae Sanctae, J. Gildemeister, éd., Bonn, 1882, p. 18, voir le texte original ici, la traduction est de nous.

Le Martyrologe compilé au IXe siècle par Adon, archevêque de Vienne, en Lotharingie, qui se base sur des traditions plus anciennes et place la mémoire de saint Cléophas au 25 Septembre, nous livre les mêmes indications :

Septembre 25, Nativité (anniversaire du martyre) de Cléophas, l'un des soixante dix disciples du Christ. Le Seigneur lui apparut après sa Résurrection, alors qu'il marchait avec un autre disciple vers le village d'Emmaüs, qui est appelé Nicopolis de nos jours. Selon la tradition, dans la même ville et dans la même maison où Cléophas avait reçu le Seigneur à sa table comme un pèlerin, il fut tué par les Juifs pour sa confession de Celui qu'il avait reconnu à la fraction du pain. Là aussi il est enterré dans la mémoire glorieuse.

PL CXXIII, 193, voir le texte original ici, la traduction est de nous.

S. Cléophas est aussi mentionné comme martyr dans la liste des soixante-dix disciples du Christ composée par Jacob Bar-Salibi, et transmise par Michel le Syrien :

Cléophas prêcha à Loud et fut mis à mort.

Michel le Syrien, Chronique, écrite en 1195 après J.-C, livre 5, appendice; traduction: J.-B. Chabot, Chronique de Michel le Syrien, Paris, 1899, t. 1, p. 150.


Les reliques de saint Cléophas furent probablement conservées à Emmaüs pendant un certain temps. Autour de l’an 570, elles se trouvaient sur le mont des Oliviers, selon le pèlerin anonyme de Plaisance. Les reliques avaient probablement été transférées à Jérusalem pour assurer leur protection lors de la révolte samaritaine de l’an 529 (voir plus bas).

A partir du IVe siècle, nous assistons au développement du monachisme en Palestine, et la région d'Emmaüs n'en fut pas exclue. Autour de l'an 450, un moine célèbre, abba Gélasios, résida à Nicopolis:

Une cellule entourée d’un lopin de terre avait été laissée à abba Gélasios par un vieillard, moine lui aussi, qui avait sa demeure proche de Nicopolis. Or un esclave de Batacos, qui habitait alors à Nicopolis de Palestine, alla trouver Batacos et lui demanda de prendre le lopin de terre parce que, suivant les lois, il devait lui revenir. Celui-ci – qui était violant – tâcha de retirer de ses propres mains le champ à abba Gélasios. Mais notre abba Gélasios, ne voulant pas qu’une cellule monacale soit cédée à un séculier, ne quitta pas le terrain. Batacos, ayant remarqué que les bêtes de somme d’abba Gélasios transportaient les olives du champ abandonné, les dérouta de force et prit les olives chez lui, c’est tout juste s’il renvoya les animaux avec leur conducteurs, après leur avoir fait subir des outrages. Le bienheureux vieillard ne réclama pas du tout les fruits, mais ne céda pas sur la possession du terrain, pour la raison que nous avons dite précédemment. Furieux contre lui, Batacos qui avait aussi d’autres affaires à traiter (car il aimait les procès) se rendit à Constantinople, faisant à pied toute la route. Arrivé près d’Antioche, où alors brillait d’un grand éclat le saint Syméon, il entendit parler de lui (c’était en effet un homme supérieur), et il désira, comme chrétien, voir le saint. Le bienheureux Syméon, du haut de sa colonne, le vit dès qu’il entra au monastère, et il l’interrogea : « D’où es-tu et où vas-tu ? » il répondit : « Je suis de Palestine, et je vais à Constantinople. » Il poursuivit : « Et pour quels motifs ? » Et Batacos répondit : « Pour beaucoup d’affaires. Et j’espère, grâce aux prières de ta sainteté, revenir et m’incliner devant tes saintes traces. » Alors le saint Syméon lui dit : « Ne veux-tu pas dire, ô homme lamentable, que tu vas agir contre l’homme de Dieu? Mais ta route ne te sera pas favorable, et tu ne reverras pas ta maison. Aussi, si tu es convaincu par mon conseil, en quittant ces lieux cours vers lui et demande lui pardon, si toutefois tu es encore en vie quand tu atteindras ce lieu. » Aussitôt la fièvre s’empara de lui. Ses compagnons de route le mirent sur une litière, et il se dépêcha, selon la parole du saint Syméon, d’arriver chez abba Gélasios pour lui demander pardon. Mais, arrivé à Béryte, il mourut sans revoir sa maison, selon la prophétie du vieillard. Tout ceci, c’est son fils, qui s’appelle aussi Batacos, qui l’a raconté à nombre d’hommes dignes de foi, en même temps que le récit de la mort de son père.

Les apophtegmes des Pères du désert, lettre Gamma, écrit au Ve siècle, traduction de Jean-Claude Guy, édition pro manuscripto, Abbaye de Bellefontaine, voir le texte original ici.

S. Sabbas, l'un des pères du monachisme de Terre sainte, fonda un monastère à Nicopolis en 508:

De retour à sa Laure, Sabas le sanctifié constata que les quarante moines mentionnés ci-dessus, enclins au mal, avait séduits les autres et devinrent soixante. Plongé dans la détresse, il pleura abondamment le dégât infligé à sa communauté, étonné de voir combien rapide et jaloux est le mal quand il attire avec si peu d’effort les faibles vers soi-même. Au début, il opposa la patience à leur colère et l'amour à leur haine, en retenant ses paroles avec l’intelligence spirituelle et l’intégrité. Par la suite, cependant, quand il vit qu’ils devenaient de plus en plus méchants et éhontés, ne supportant pas de suivre l’humble chemin du Christ, mais alléguant des excuses pour leurs péchés et inventant des raisons pour justifier leurs passions, il céda la place à la colère divine et se retira dans la région de Nicopolis, où il vécut pendant longtemps en solitaire sous un caroubier, en se nourrissant des caroubes. En apprenant cela, un fonctionnaire local sortit pour le voir et lui construisit une cellule dans cet endroit même ; cette cellule, à l'aide et à la faveur du Christ, devint en peu de temps un monastère.

Cyrille de Scythopolis, Vie de saint Sabas, ch 35, texte de l’an 558 environ; le texte original publié dans: Eduard Schwartz (éd.), Kyrillos von Skythopolis, Leipzig 1939, pp. 120-121, voir ici, la traduction est de nous.

S. Sabas

En l’an 529, la Palestine devint la scène d'une large révolte samaritaine. Opprimés par l’Empire byzantin, les Samaritains étaient irrités contre les chrétiens et détruisirent de nombreuses églises en Terre Sainte. Nous n'avons aucun témoignage direct concernant les événements survenus à Emmaüs pendant le soulèvement, et cependant l’archéologie nous apprend que le complexe ecclésiastique construit en ce lieu au cours du du Ve siècle, fut reconstruit au cours du VIe, ce qui pourrait s’expliquer par la destruction des bâtiments par les Samaritains.

Voici les textes qui témoignent de la présence samaritaine à Emmaüs pendant la période byzantine :


Rabbi Aha alla à Emmaüs [מאוס] et mangea de leurs pâtisseries [celles des Samaritains].

Talmud de Jérusalem, Traité Avoda Zara, 5, 4, (les événements du IVe siècle après J. - C.),

ספר הישוב, עורך ש' קליין, ירושלים, תרצ”ט, t.1, p. 6, la traduction est de nous, voir le texte original ici..

Le bon chrétien [...] nous raconta d'un certain larron nommé Cyriaque qu'il exerçait le brigandage aux environs d'Emmaüs qui est Nicopolis. Sa violence et son inhumanité étaient telles qu'on l'appelait le Loup. Il avait avec lui pour compagnons de brigandage non seulement des Chrétiens, mais aussi des Juifs et des Samaritains. Un jour, donc, des gens d'un domaine rural du territoire de Nicopolis allèrent à la Ville sainte pour faire baptiser leurs enfants pendant la semaine sainte. Comme ils revenaient après le baptême dans leur hameau pour célébrer le jour de la Résurrection, ils furent rencontrés par les brigands, en l'absence de leur chef. Les hommes ayant pris la fuite, Juifs et Samaritains s'emparèrent des femmes dont ils abusèrent après avoir précipité (sur le sol) les nouveaux baptisés. Le chef brigand rencontrant les fuyards leur demanda: « Pourquoi fuyez-vous? » et ceux-ci de lui narrer l'aventure. Les prenant donc avec lui il se rendit vers ses compères et trouva les enfants gisant sur la terre. Ayant appris qui étaient les coupables il décapita ceux qui avaient commis le crime et permit aux hommes de prendre leurs enfants, ne laissant pas les femmes y toucher à cause de la souillure qu'elles avaient contractée. Le chef brigand les conduisit sains et saufs à leur hameau . Quelque temps après il fut arrêté et demeura dix ans en prison. Aucun des magistrats ne le fit mourir et à la fin, il fut élargi. Il disait toujours: « C'est à cause de ces enfants-là que j'ai échappé à une mort amère, car je les voyais en songe me disant: «Ne crains pas, nous plaidons pour toi. » Nous eûmes l'occasion de le rencontrer, moi et l'abbé Jean, le prêtre du couvent des Eunuques. Il nous raconta ce même fait et nous rendîmes gloire à Dieu.

Jean Moschus, Le Pré spirituel , 165 (écrit en 619, événements de la fin du VIe siècle), PG LXXXVII, 3032, voir le texte original ici, traduction: Vincent, Abel, Emmaüs, Paris, 1932, p. 418.

Mosaïques de la synagogue samaritaine de Sha'alvim dans la région d'Emmaüs (Autorité des antiquités d'Israël)

A quelques kilomètres au nord d'Emmaüs, dans le village de Sha’alvim, ont été découvertes les traces d'une synagogue samaritaine (voir: E. L. Sukenik, The Samaritan Synagogue at Salbit – Louis M. Rabinowitz Fund Bulletin I, 1949, pp. 25-30; R. Reich, The Plan of the Samaritan Synagogue at Sha'alvim, IEJ, t. 44, 1994, pp. 228-233).

Plusieurs pierres sculptées portant des inscriptions samaritaines retrouvées dans les environs d’Emmaüs témoignent elles aussi de la présence de Samaritains dans cette région.

L'une d'elles, un chapiteau ionique de colonne, fut retrouvée dans les ruines de la basilique byzantine méridionale. Le chapiteau possède d'un côté une inscription en capitales grecques : «Eis ho theos » , « un seul Dieu», et de l'autre côté une inscription samaritaine en hébreu qui se lit : «Baroukh shémo le-olam» - « Que son Nom soit béni à jamais » . La découverte du chapiteau samaritain dans la basilique chrétienne peut s’expliquer par le fait qu’après la répression de l'insurrection samaritaine au VIe siècle, la synagogue samaritaine de la région d'Emmaüs, comme beaucoup d'autres, fut détruite par l'ordre de Justinien, et certaines de ses pierres furent réutilisées pour la reconstruction de la basilique chrétienne.

Pour l'histoire de la découverte de ce chapiteau voir: Redécouverte d'Emmaüs.

Chapiteau samaritain (préservé au Carmel de Bethléem)

Pour plus de renseignements sur cette inscription, voir: Clermont-Ganneau, 1er rapport, 3e série, t. IX, p. 292 et suivantes, et t. XI, p. 251; Pilcher, The Date of the Siloam Inscription, PSBA, 1897, p. 167 et suivantes, voir ici; Conder, Kitchener, Survey of Western Palestine, t. 3, pp. 64-65, London. 1883, voir ici; Vincent, Abel, Emmaüs, Paris, 1932, pp. 264-266, Planche XXV, voir ici; Sukenik, PEF Quarterly Statement, 1931, p. 22, note 2, voir ici; CIIP, t. IV, partie 1, Berlin/Boston, 2018, p. 452-453, voir ici.

Dans la région d'Emmaüs, on a aussi retrouvé deux autres inscriptions samaritaines, taillées dans la pierre et contenant des citations du Pentateuque (Genèse 24, 31; Exode 12, 33 ; 15, 3, 13, Deutéronome 33, 26). (La collection des Pères de Bétharram, Bethléem, à propos de ces inscriptions voir: Lagrange, La Terre Sainte, 15.11.1890 and 15.03.1891; Lagrange, Inscription samaritaine d'Amwas, RB 1893, p. 115 et suivantes (voir ici), M. De Vogüe, Nouvelle inscription samaritaine d'Amwas, RB 1896, p. 433 et suivantes (voir ici); J.-B. Frey, Corpus Inscriptionum Judaicarum, t. II, Roma, 1952, № 1187-1188 (voir ici); CIIP, t. IV, partie 1, Berlin/Boston, 2018, pp. 453-456, (voir ici), voir aussi: Redécouverte d'Emmaüs.

ופסח ה' על הפתח ולא יתן המשחית לבא

«L'Éternel passera par-dessus la porte, et il ne permettra pas au destructeur d'entrer (Exode 12,23)»

יהוה גיבור במלחמה יהוה\ שמו יהוה נחיתו\ בא ברוך יהוה\ אין כאל ישורון

«L'Eternel est un guerrier: l'Éternel est son nom. (Exode 15,3)

L’Éternel le conduit (Exode 15,13a)

Venez, les bénis de l'Eternel (Gn 24,31a)

Nul n'est comme le Dieu de Yeshurun (Dt 33,26)»

Parmi les traces archéologiques laissées par l’époque byzantine à Emmaüs, se trouvent notamment les ruines de deux basiliques. Le chevet de la basilique méridionale avec trois absides a été presque entièrement préservé. Les deux basiliques, datant du VIe-VIIe siècles, se trouvent construites sur l’emplacement d'un complexe ecclésiastique plus ancien (Ve s.), la partie nord contenant probablement la maison de Cléophas, tandis que au sud se trouvait la source d’eau miraculeuse mentionnée ci-dessus. A l’intérieur de la basilique méridionale, on a retrouvé quelques pierres disposées en hémicycle, qui, selon une hypothèse, formaient le fondement de l'abside d’un édifice ecclésiastique encore plus ancien (IIIe siècle ?). Egalement à l’intérieur de la basilique méridionale, on a retrouvé des petites «baignoires» qui auraient pu servir aux pèlerins venus se plonger dans les eaux de la source miraculeuse. (voir: K.-H. Fleckenstein, M. Louhivuori, R. Riesner, Emmaus in Judäa, Basel, 2003, pp. 258-259, 263-266, voir ici).

L'analyse détaillée des découvertes archéologiques à Emmaüs se trouve dans les sources suivantes: Charles Clermont-Ganneau, Archaeological Researches in Palestine during years 1873-74, t. 1, p. 483-493, London 1899; L.-H. Vincent & F.-M. Abel, Emmaüs, p.p. 19-274; Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, t. 12, article Nicopolis, Paris, 1935; The New Encyclopaedia of Archaeological Excavations in the Holy Land, E. Stern ed., Jerusalem, 1993, article Emmaus, t. 2, p.p. 385-389; V. Michel, Le complexe ecclésiastique d'Emmaüs-Nicopolis, Paris, Sorbonne, 1996-1997 (mémoir de maîtrise); K.-H. Fleckenstein, M. Louhivuori, R. Riesner, Emmaus in Judäa, Basel, 2003, p.212-310; K.-H. & Louisa Fleckenstein, Emmaus-Nicopolis Ausgrabungen 2001-2005, Novum publishing, 2010. Voir aussi: Redécouverte d'Emmaüs .

Site archéologique d'Emmaüs:

1-Mosaïque (Période romaine tardive)

2-Sépulcres (Période romaine tardive)

3-Apside d'une église du IIIe s.(?)

4-Bégnoires (Périodes romaine tardive et byzantine)

5-Le chevet et les trois absides de la basilique byzantine méridionale (VIe-VIIe s.)

6-Basilique byzantine septentrionale (Ve-VIIe s.)

7-Baptistère (fin Ve-début VIe s.)

8-Citerne connectée au baptistère

9-Mosaïques byzantines (Ve-VIe s.)

10-Annexes de la basilique byzantine

11- L'emplacement originel de la mosaïque nilotique

12- Carrière de pierre byzantine

13-Eglise des croisés (XIIe s.)

Reconstruction du complexe ecclésiastique byzantin © architecte Aaro Söderlund

Baptistère byzantin d'Emmaüs

Dans la basilique septentrionale, on peut encore voir, bien conservé, le baptistère avec une citerne d'eau.

C'est un baptistère cruciforme datant de la fin du Ve-début du VIe s., relié à une citerne d'eau par un conduit. La petite cuve adjacente servait pour l'immersion séparée des enfants. Le baptistère possédait à l'origine un rebord de 70 cm de haut, sa profondeur étant de 125 cm. (M. Ben-Pechat, The Paleochristian Baptismal Fonts in the Holy Land, Studium Biblicum Franciscanum, Liber Annuus, 1989, p. 165 et suivantes, voir ici). Le baptistère fut découvert lors des fouilles des années 1880. La partie supérieure du baptistère, ainsi que les restes d'une abside derrière lui, furent détruits pendant la Première Guerre mondiale par les soldats turcs.

(Voir : Redécouverte d'Emmaüs pour l'histoire de la découverte du baptistère.)

Dans les deux basiliques, on a découvert de magnifiques mosaïques aux motifs géométriques, et portant des inscriptions en grec. (CIIP, t. IV, partie 1, Berlin/Boston, 2018, p. 456-464, voir ici).

Dans la nef nord de la basilique méridionale les archéologues découvrirent une mosaïque du style «nilotique» avec des images d’oiseaux, d’animaux et de fleurs. (B. Bagatti, Il musaico degli animali ad ‘Amwas (Palestina), RAC, 1959, p. 71 et suivantes, voir ici; CIIP, t. IV, partie 1, Berlin/Boston, 2018, p. 459-461, voir ici ).


Dans la collection du monastère de Latroun et sur le terrain du parc voisin dit «Canada», on peut admirer des corniches et des chapiteaux magnifiquement sculptés qui appartenaient à la basilique méridionale.

Des fragments des colonnes en marbre blanc, provenant de la basilique septentrionale, ont été découverts sur place: deux grand fragments des fûts, ainsi qu'un chapiteau ionique et une base de colonne. Le chapiteau portait des croix grecques, gravées sur ses deux côtés les plus courts. (Voir ici: Vincent & Abel, Emmaüs, Paris, 1932, pp. 164-166, 247-248, fig. 74-76).

Un chapiteau similaire se trouve dans la collection de l'abbaye de Latroun. Ce chapiteau fut probablement trouvé par les moines près du village de 'Amouas (voir ici: Vincent & Abel, Emmaüs, Paris, 1932, p. 250).

Un autre chapiteau du même style fut rencontré par Clermont-Ganneau au sanctuaire musulman de Musa Tali'a près de Tel Gezer (aujourd'hui dans la forêt dite «Meguinim»), voir: Revue Biblique 1899, p. 115-117, 427, voir ici; Ch. Clermont-Ganneau, Recueil de l’archéologie orientale, t. 3, Paris, 1900, pp. 123-126, voir ici.

Du sol autour des basiliques byzantines et dans les grottes qui se trouvent à côté, des objets datant de la période byzantine furent exhumés : pièces de monnaie, diverses pièces de céramique et de verre, lampes à huile en céramique, etc., voir: Karl-Heinz & Louisa Fleckenstein, Emmaus-Nicopolis Ausgrabungen 2001-2005, Novum publishing, 2010, voir ici.

L'inscription originale est conservée dans le musée du monastère de Sainte-Anne à Jérusalem

Une attention particulière doit être accordée à une dalle en marbre trouvée dans un champ à l'ouest du complexe ecclésiastique, portant une inscription en grec : «Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, belle est la cité des chrétiens», voir: Germer-Durand, Revue Biblique 1894, p. 255, voir ici; L.-H. Vincent, Inscription grecque chrétienne d'Amwas, RB 1913, p.100-101, voir ici; CIIP, t. IV, partie 1, Berlin/Boston, 2018, pp. 465-466, voir ici).

Une copie de l'inscription se trouve au site archéologique.

Voir: Redécouverte d'Emmaüs pour l'histoire de la découverte de cette dalle.

A la fin du XIXe s. près de la ville de Jaffa on trouva une épitaphe hébraïque datant de l'époque byzantine: «Lieu du repos de Lazar, fils de Yehoshoua. Paix d'Emmaüs, paix».

(Actuellement au Musée archéologique de Jaffa). Voir: S. Klein, Inschriftliches aus Jaffa, MGWJ 75, 1931, pp. 369-374, J.-B. Frey, Corpus inscriptionum iudaicarum, Roma, 1952, № 897.

Emmaüs-Nicopolis, à l'instar de nombreux centres régionaux de Palestine à l'époque byzantine, possédait des bains publics (voir : Claudine Dauphin, La Palestine byzantine, tome II, BAR Publishing, Oxford 1998, p. 481). Nous avons déjà évoqué les thermes romains du IIIe siècle, reconstruits au Ve-VIe siècle après un tremblement de terre, qui sont situés à proximité des basiliques d'Emmaüs (voir : Période romaine tardive). Il y avait au moins un autre bain public à Nicopolis, dont l'hypocauste a été découvert au début du XXe siècle dans un jardin privé du côté nord-ouest du village (actuellement perdu), voir : Revue biblique, 1911, p. 159, la photographie de cet hypocauste a été publiée pour la première fois dans Revue Biblique, 1929, p. 430.

Hypocauste découvert au début du XXe s. à 'Amouas, Revue Biblique, 1929, p. 430

On ignore ce qui s'est passé à Nicopolis lors de l'invasion perse de la Palestine en 614 après J.-C.. Il est possible que le complexe ecclésiastique d'Emmaüs ait été détruit à cette époque. Nous trouvons un écho lointain de ces événements dans le récit de rabbi Isaac Hélo à propos de sa visite d’Emmaüs en 1334 :

Il y a un antique monu­ment sépulcral à Emmaüs, qu'on dit être le tombeau d'un seigneur chrétien, tombé dans la guerre du roi de Perse.

Rabbi Isaac Hélo, Les chemins de Jérusalem, publié dans: Itinéraires de la Terre Sainte, Bruxelles, 1847, E. Carmoly, ed., p.245.

(Il convient de noter cependant que certains chercheurs considèrent ce texte comme un faux datant du XIXe s.)

La période byzantine dans l'histoire de la Terre sainte et d'Emmaüs se termine avec l'arrivée des conquérants arabes en 637 après J.-C..