Emmaüs-Nicopolis

 Emmaüs (Nicopolis, Nikopolis) - un village de la Terre sainte (du IIIe au VIIe s. de notre ère, une ville), situé à environ 30 km à l’ouest de Jérusalem, à la frontière entre les montagnes de Judée et la vallée d’Ayalon, à proximité de l’endroit où la route menant de Jaffa à Jérusalem se divise en deux : celle du nord (par Beth-Horon) et celle du sud (par Kiryat-Yéarim). Grâce à sa position stratégique, Emmaüs a joué à certains moments de son histoire un rôle important dans les domaines administratif, militaire et économique. La première mention du village se trouve dans le Ier Livre des Maccabées, chapitres 3-4, dans le contexte des guerres de Judas Maccabée contre les Grecs (IIe s. avant notre ère). (Voir: Période hasmonéenne)

  La position géographique d’Emmaüs est décrite dans le Talmud de Jérusalem, traité Shévi'it 9,2: 

De Beth-Horon jusqu’à la mer, est-il dit, on ne compte qu’une province», tout le reste y est compris à titre de voisinage. Non, dit R. Yohanan, on y trouve bien des montagnes, la plaine et des vallées; de Beth-Horon jusqu’à Emmaüs (אמאוס) c’est la montagne; d’Emmaüs jusqu’à Lod, c’est la plaine; de Lod jusqu’à la mer, c’est la vallée.

 Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moïse Schwab, Paris, 1969, éditions Maisonneuve et Larose, t. II, p. 416, voir le texte original ici.

  Deux documents de l’époque romaine témoignent de la position d’Emmaüs: la Table de Peutinger, où Emmaüs est placé à 19 milles (environ 28 km) à l’ouest de Jérusalem, et la Géographie de Ptolémée (voir ici), selon laquelle Emmaüs se trouve à 20 milles (environ 29, 5 km) de Jérusalem. (Voir l'article «Emmaüs» de Louis Pirot dans : Dictionnaire de la Bible, Supplément, Paris, 1934, t. 2, colonne 1054).

Emmaüs (Amauante) sur la Table de Peutinger, à la distance de 19 (XVIIII) milles de Jérusalem (Helya), "Weltkarte des Castorius genannt die Peutinger'sche Tafel", K. Miller, ed., Ravensburg, 1887-1888

Fragment d'une carte, basée sur  la "Géographie" de Ptolémée, sur laquelle Emmaüs apparaît sous le nom d'Emmaunta. (Publiée en 1482 par Lienhart Hol, source: Boston Public Library)

   Le nom Emmaüs provient, très probablement, du mot hébreu Hammat ou Hamta, qui signifie «source chaude». Sous ce nom, Emmaüs est mentionné dans les recueils des commentaires juifs Midrash Zouta sur le Cantique des Cantiques, 6, 9 (Voir: Période vétérotestamentaire) et Midrash Rabba sur les Lamentations, 1, 48 (Voir: Période romaine tardive ). Ce nom a été hellénisé, apparemment, au cours du IIe et du Ier siècle avant J.-C.  et se trouve dans la littérature juive ancienne sous les formes: Ammaous, Ammaoum, Emmaous, Emmaoum, Maous, Amous, etc: אמאוס ,אמאום ,עמאוס ,עמאום ,עמוס ,מאום ,אמהום, Αμμαούμ, Αμμαούς, Εμμαούμ, Εμμαούς.

Pendant la période hasmonéenne, Emmaüs devint la localité dominante de la région de la vallée d’Ayalon et acquit le statut de centre administratif régional (centre d'une «toparchie»). À la fin de la période romaine et pendant la période byzantine, Emmaüs possédait le statut de ville (polis) et se nommait Nicopolis

 Dès l'aube du christianisme, Emmaüs-Nicopolis fut identifiée comme l'endroit de l'apparition de Jésus après sa Résurrection (Luc 24, 13-35). Voir: Emmaüs dans la Tradition chrétienne, ainsi que: Questions fréquentes à propos d'Emmaüs, Questions 1, 2, 4, 5, 6

Au cours de la Première période arabe, avec l’arrivée des conquérants musulmans (VIIe s. de notre ère), Emmaüs reçut de nouveau son nom d’origine, en arabe: 'Amouas, 'Imouas, mais perdit son importance de centre régional.

A l’époque des Croisades, la mémoire de l’apparition de Jésus-Christ à Emmaüs commença à être célébrée dans d’autres endroits de la Terre Sainte: Abu-Gosh, Qoubeïbé, Bet-Ulma (Bethulme) près de Motza (Voir: Questions fréquentes, Question 7).             

Ste. Marie de Jésus Crucifié

Le village arabe d’Amouas a été réidentifié comme Emmaüs biblique et Nicopolis romano-byzantine seulement à l’époque moderne, par des scientifiques (Edward Robinson, 1852; M.-V. Guérin, 1868; Clermont-Ganneau, 1874; J.-B. Guillemot, 1880 -1888, L.-H. Vincent et F.-M. Abel, 1924-1930). Mais c'est grâce à des révélations reçues en 1878 par Ste. Mariam Baouardi (Marie de Jésus Crucifié), une sainte locale, religieuse du Carmel de Bethléem, que le Lieu saint d'Emmaüs qui appartenait à cette époque aux musulmans fut acquis par le Carmel (Voir: Période ottomane). 

Des fouilles archéologiques furent effectuées sur place en 1880-1888 et en 1924-1930, et de nouveau, les pèlerins chrétiens affluèrent à Emmaüs (voir: Redécouverte d'Emmaüs). 

Le village arabe d’Amouas fut rasé en 1967 pendant la Guerre des Six Jours (voir: Période moderne).

  Depuis 1993 la Communauté Catholique des Béatitudes habite sur place et est chargée de l'animation spirituelle du lieu saint d'Emmaüs.